C’est le breuvage le plus consommé au monde après l’eau, et la demande ne cesse de croître. Mais connaissons-nous le riche univers qui se cache derrière un sachet ou une pincée de feuilles ?
Selon la mythologie chinoise, l’empereur Shen Nong aurait “découvert” cette boisson en – 2737. Toutefois, les textes ne la mentionnent que vers 800 av. J.C. Le Japon en consommerait depuis le VIIIe siècle et c’est “seulement” en 1599 qu’il arrive en Angleterre. Le début d’une nouvelle histoire : la Compagnie des Indes orientales, fondée par la reine Élisabeth Ire, s’octroie un quasi-monopole sur ce commerce durant plus de deux siècles ! En France, les premières traces de son usage datent de 1636.
Les variétés de thés les plus populaires dans le monde
Noir, vert, jaune, blanc, bleu … Les variétés forment une véritable palette à partir d’une unique espèce, Camellia sinensis. La couleur est en réalité souvent déterminée par le niveau d’oxydation subie par les feuilles lors de la fabrication du breuvage. Ce processus chimique produit plusieurs molécules qui vont influer sur la teinte finale du liquide. Le thé noir a été oxydé à 100 %, tandis que chez le vert, pas du tout. Les thés blancs sont très faiblement oxydés (12 %) ; les bleus (ou oolong) semi-oxydés (10 à 70 %, selon les régions). En Chine, un thé jaune, à peine oxydé et légèrement fermenté, était qualifié ainsi car sa qualité exceptionnelle le destinait aux empereurs, dont c’est la couleur emblématique.
Le plus vieux théier du monde est chinois
La Chine est sans conteste le berceau du thé et se targue de posséder les arbres les plus anciens du monde. Plusieurs régions se disputent âprement ce record, notamment le Yunnan (sud-ouest du pays), où de très anciens spécimens peuvent dépasser 30 mètres de haut. L’estimation de leur âge (entre 800 ans pour l’un et 3750 ans pour un autre) reste sujette à caution tant l’enjeu est important pour les locaux. Une chose est sûre : aujourd’hui, les feuilles de ces doyens se négocient à environ cinq fois le tarif habituel.
Les différentes qualités du thé
Comprendre cette boisson, c’est aussi plonger dans un bouquet de sigles, qui reflètent la vie des plantes avant qu’elles ne finissent dans la tasse. Le thé noir est commercialisé sous différentes qualités, codées par des abréviations. Ainsi, OP (“orange pekoe”) indique qu’il est constitué de jeunes feuilles. Quand la récolte est plus précoce encore (le bourgeon et les deux jeunes pousses suivantes), elle est étiquetée FOP (“flowery orange pekoe”). La lettre B annonce que les feuilles sont brisées, et lorsque ces brisures sont très fines, et que le thé est donc moins délicat, il est noté F.
Une préparation spéciale pour le pu erh
Élaborer ce breuvage n’a pas toujours été aussi simple que plonger un sachet dans l’eau ! À partir du Ve siècle, en Chine, on étuvait les feuilles juste après leur récolte, pour les écraser ensuite au mortier jusqu’à obtenir une fine pulpe que l’on pressait. Une fois durci et démoulé, le bloc devait sécher au soleil, et enfin être cuit. Quand on voulait boire ce thé, on prélevait de petits morceaux de ces briques afin de les jeter dans l’eau bouillante. Dans certaines régions d’Asie, on trouve encore ce type de préparation, notamment pour les thés dit sombres ou pu erh.
Qu’est-ce que le Tea Party ?
Cette mouvance ultraconservatrice américaine tire son nom de la Boston Tea Party, qui a marqué les prémices de la révolution américaine. En 1767, Londres impose des taxes sur les importations aux colons américains qui, en retour, décident de boycotter les produits anglais. Le 16 décembre 1773, à Boston, trois navires britanniques chargés de thé sont attaqués par des protestataires qui jettent la cargaison par-dessus bord. Aujourd’hui, l’acronyme TEA signifie Taxed Enough Already : “Déjà suffisamment imposés”.
Faut-il vraiment verser de haut le thé à la menthe ?
Offrir un verre de cette boisson parfumée relève d’une véritable tradition d’accueil au Maghreb. Elle est généralement concoctée avec du thé vert gunpowder, des feuilles fraîches de menthe verte et une bonne dose de sucre en morceaux. Une fois la préparation terminée, il est de coutume de soulever la théière pour servir le thé de haut. Selon les versions, il s’agirait d’oxygéner le breuvage afin d’en bonifier le goût, ou de mieux dissoudre le sucre. Reste que le geste fait toujours son effet.
Du thé pour se sevrer de l’alcool
Tout au long de son règne au XIXe siècle, la reine Victoria a été une puissante ambassadrice du thé. À Buckingham, elle conviait régulièrement la haute société pour des afternoon teas, et c’est elle également qui a eu l’idée des tea moralities : des organismes de charité servaient la boisson chaude aux chômeurs et aux sans-abri et leur prodiguaient des sermons contre l’alcoolisme. Dès la fin du XIXe, la Russie a elle aussi tenté de proposer du thé très fort pour réduire la consommation d’alcool. On en donnait notamment aux prisonniers à la place de la vodka. Détail amusant : il est utilisé sur les plateaux de tournage de cinéma lorsque les personnages sont censés boire du whisky !
Une cérémonie du thé très codifiée
Des rites existent aussi bien en Chine qu’en Inde, à Taïwan qu’au Vietnam, mais c’est au Japon qu’il est le plus élaboré. Là-bas, le chanoyu(littéralement, “l’eau chaude du thé”) est considéré comme un art. Il s’est développé depuis la fin du XVe. Au cours de cette cérémonie – qui dure entre une et… quatre heures – l’hôte prépare plusieurs thés, d’abord épais puis plus légers. Purifications, échanges feutrés de civilités, coups de gong, gestes millimétrés et extrêmement codifiés ponctuent le protocole.
L’altitude : condition idéale pour faire pousser les théiers
Les théiers se plaisent particulièrement en altitude, entre les deux tropiques. Ils ont besoin d’un sol acide, de pluies régulières et d’un climat relativement chaud pour ne pas tomber en dormance. Une soixantaine de pays les font pousser. Outre la Chine, l’Inde, le Kenya et le Sri Lanka (les quatre premiers producteurs), on en trouve au Népal comme en Argentine, à Hawaii, en Turquie, en Iran et bien sûr au Japon, qui consomme une grande partie de sa propre production. L’arbuste est même parvenu récemment en métropole : on cultive le thé dans le Morbihan et dans les Pyrénées, sur de toutes petites surfaces.
Combien coûte le thé le plus cher du monde ?
On parle d’un million de dollars le kilo pour le Da Hong Pao, mis à la mode à Pékin par la fille de Deng Xiao Ping. Depuis, les élites chinoises se l’arrachent.
Qui était Earl Grey ?
Premier ministre britannique, en 1830, Charles Grey aurait eu l’idée de verser de la bergamote dans sa tasse. Le thé aromatisé était né !
Comment est apparu le thé glacé ?
Inventé aux USA à la fin du XIXe, il a été popularisé lors de l’Exposition universelle de 1904 à Saint-Louis (Missouri), durant laquelle il fit très chaud.